Mardi 12 juillet 2011
Les recommandations de la commission Richard sont une gifle pour tous les adhérents de conviction du parti socialiste des Bouches-du-Rhône et au-delà. La direction nationale disposait de toute la matière pour adopter les mesures permettant de mettre fin à un incroyable système népotique et clientéliste. Elle ne l’a pas fait : l’abus est patent.
Dans un rapport circonstancié, curieusement adouci et lesté de caricatures sudistes, les faits établis et reconnus par la commission d’enquête demeurent pourtant effarants. Jugez plutôt.
Concernant les sections, la commission reconnaît que les plus importantes d’entre elles ont un ratio adhérents/habitants « entre 5 et 16 fois supérieur à la moyenne nationale », que nombre d’adhérents sont mus par la « reconnaissance d’un service rendu », que l’aide financière aux communes et aux associations détenues par les conseillers généraux « explique l’influence de ces élus sur les sections locales », qu’il est « matériellement impossible d’organiser les votes de sections de plus de 500 membres » (alors que leurs résultats sont en revanche bien pris en compte), que la mise en dépendance économique d’adhérents est une pratique suffisamment massive pour poser la question de leur libre arbitre.
Concernant les pratiques développées à la tête du système, la commission reconnaît que les statuts ont été violés à deux reprises, que l’ancien président (sic) devenu ensuite premier fédéral « pèse dans la durée sur l’accès des uns et des autres aux responsabilités », mais aussi que « l’intimidation » est employée pour mettre au pas les récalcitrants. Rien d’autre finalement que ce que nous dénonçons !
A contrario, on peut relever l’évidence sur certains sujets des impasses et des contre-vérités affichées par la commission. Citons pour ce qui est des impasses, les faits avérés d'attribution de logements sociaux au profit de personnes utiles au système. Au chapitre des contre-vérités, citons le bilan électoral du PS dans les Bouches-du-Rhône, puisque la commission va jusqu’à qualifier de « succès » nos récents échecs aux élections municipales à Marseille, comme la perte de deux cantons de gauche aux dernières élections cantonales.
A l’évidence, l'interrogation demeure de comprendre pourquoi, face à cet ensemble de faits établis et reconnus, la direction nationale n’a pris aucune sanction et a même poussé le cynisme jusqu'à confier aux responsables du système, le soin d’en gommer les aspects les plus voyants.
Le cycle d’Epinay, entamé par la création du parti socialiste en 1971, s’est construit sur les ruines fumantes de la SFIO, parti mort de son incapacité à épouser la décolonisation et à s’être progressivement transformé en parti d’élus locaux. La question était cruelle hier, elle le reste aujourd’hui : quel est au fond l’intérêt d’un grand élu local à ce que le Parti socialiste remporte des élections nationales, alors que le fait d’être dans l’opposition constitue une prime incontestable pour conquérir et conserver le pouvoir local ?
Le Parti socialiste souffre aujourd’hui des mêmes maux que feu la SFIO. Il perd son âme alors que son programme affiche l’exemplarité et les valeurs morales, comme un guide pour l’action. Il plie devant des « faiseurs de rois », quelques patrons de quelques puissantes fédérations, souvent adversaires mais toujours solidaires, dès lors que l’un d’entre eux est attaqué sur les pratiques qui leurs permettent d’asseoir leur pouvoir personnel au plan local.
Ainsi, face aux dérives anti-démocratiques constatées dans notre fédération, le Parti ne se donne pas les pleins moyens de recréer un lien durable avec des adhérents de conviction noyés par des tombereaux d’adhérents poussés en dépendance.
N’existerait-il donc aucune marge de manœuvre pour réagir ?
Le Parti socialiste demeure pourtant le grand parti de la gauche, le seul aujourd’hui à avoir la possibilité de représenter une alternative aux droites. Il n’est donc pas question de le quitter, mais bien de le transformer. C’est le droit élémentaire de chaque adhérent.
Pour l’heure, l’actualité politique nous commande d’agir dans le cadre du calendrier de notre fédération. A commencer par la décision de procéder précipitamment à l’élection d’un premier secrétaire fédéral dans les prochains jours.
L’adage méditerranéen dit qu’il faut raccompagner le menteur jusqu’à sa porte. Nous posons donc les questions suivantes à notre direction nationale :
Nos questions appellent des réponses. Pour y parvenir, dépassons les postures d'un débat en trompe l'oeil où les protagonistes directs se sont précipités, alors que l'usage voudrait qu'un débat serein soit organisé en leur absence. Il est temps qu'un prochain bureau national de notre Parti apporte des réponses aux questions de ses adhérents de conviction. A l'image des comportements que nous appelons de nos voeux, nous souhaitons qu'elles soient exemplaires.
Il ne faut pas que vous lâchiez le morceau. Vous devez à partir de maintenant redoublez d'efforts pour rendre le parti a ses militants, le syndicat aux travailleurs et la ville aux marseillais. Bravo, bravo et du courage, il va nous en falloir à tous.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerHabitant dans l'Isère une commune de 40 000 hts,je ne suis pas directement concerné
par les remous qui agitent le PS dans les Bouches du Rhône .
Pour tout dire, je ne suis même pas adhérent au PS bien que mon vote soit
allé systématiquement ( hormis municipales qui me voient voter pour un communiste
éclairé et très compétent ! ) vers lui de 1969 jusqu'en 2005 ( Constitution Européenne
contre laquelle j'ai voté)
Mais ce qui touche la gauche ne me laisse jamais indifférent.
Il en va ainsi de votre démarche, que je trouve salutaire et que je soutiens.
J'ai tenu à vous en faire part pour que vous le sachiez et que cela
vous donne un plus de coeur encore pour continuer ce combat
d'une rénovation du PS.
Même si je vote désormais MELENCHON et PF/FG, je me réjouis
quand toute sensibilité de gauche va vers plus de transparence et de démocratie.
Puissiez-vous infléchir plus à gauche aussi les orientations du PS
dont le peuple français qui souffre a tant attendu et dans lesquelles il ne se reconnait plus !
Un vieux socialo de 65 ans, qui vous souhaite bonne route
Bernard
Merci pour ce que vous faites. Je suis adhérent à Lambesc, vu de chez nous tout ça paraît effarant. Je ne voterai pas le 21 juillet, et il me semble que vous devriez appeler encore plus clairement à un boycott. Nous savons qu'il ne changera rien au résultat, et pour cause, mais au moins que nous sauvions individuellement notre honneur de militants !
RépondreSupprimerClaude