Bilan des élections municipales et européennes - Parlons net.

Aucun des bilans de ces dernières semaines ne permet de répondre à la seule question qui vaille : « Comment les socialistes des Bouches du Rhône peuvent répondre avec efficacité au besoin lancinant des habitants de notre département d'une politique durable à la fois réductrice des inégalités et créatrice de richesses ? »

Le reste est littérature partisane. L'action politique ne devrait avoir pour finalité ni d'ériger un pré carré, ni de satisfaire un ego, encore moins de se borner à défendre la bannière d'un parti. Dans les circonstances graves que connait notre pays, la grandeur de l'action politique est d'assumer se mettre en situation de peser sur le devenir de notre société, défendre nos valeurs républicaines et transformer nos convictions en actions efficientes.




Savoir s'appuyer sur l'énergie des citoyens

Pour y réussir, encore faudrait-il savoir se nourrir de l'énergie de nos concitoyens ; pas seulement de leur bulletin de vote, surtout quant l’abstention va crescendo.

A RenouveauPS13, nous n'acceptons pas que l'action politique se résume à une course de petits chevaux où une frange des militants se tournent et se retournent vers des « leaders » dans le seul espoir d'être récompensés. Il nous faut donc à la fois savoir retrouver le sens du collectif et de l'action efficace ; fuir les palabres et les déclarations creuses pour construire des expériences pratiques exemplaires dans leur capacité à incarner nos valeurs et, avant même d'arriver ou d'exercer le pouvoir, présager les actions préconisées. Et là où nous sommes, savoir nous nourrir des expériences, des énergies qui existent dans la société. Cette pédagogie de l'exemple est essentielle. Elle peut se révéler une nouvelle façon de faire de la politique où l'innovation sociale s'affiche comme un vademecum militant. Terminées les motions, enterrées les AG et les réunions de section où la tactique dispute le vide d'un positionnement soit-disant idéologique, aux abysses de l'âme humaine, quand les donneurs de leçons habillent leurs ambitions d'envolées dogmatiques.

Qu'avons-nous donc vu ces dernières semaines ?

Au plan départemental, le pire est toujours certain et rien, absolument rien dans les analyses et les comportements n'a permis à nos concitoyens de se persuader que les socialistes des Bouches du Rhône avaient compris le message qui leur a été adressé. Ceci est d'autant plus dommageable que nombre de déclarations ont tenté de faire croire que nous subissions le désaveu national, ni plus, ni moins.

La réalité est que nos résultats sont le fruit d'une double peine : au désamour à l'égard des socialistes au niveau national, s'est ajoutée la censure à l'égard des socialistes au niveau local. Cette dernière, outre les dissidences a entraîné des prises de positions pendant et après les élections qui montrent la césure de notre Parti à l'égard du monde réel. Au parti qui portait jadis l'espoir de « Changer la vie », les électeurs ont répondu « Dégagez ! » Adepte du slogan, le président du Conseil général se l'est appliqué à lui-même. Chantres de l'alliance avec la droite sur la réformes territoriale, une bonne partie des conseillers généraux ont fait de même, ou sont en passe de le faire. La prochaine tête de liste aux élections sénatoriale s'est elle exercée à d'autres circonvolutions : refaire le match. Avec des si, ce n'est donc plus seulement Paris que l'on peut mettre en bouteille. Et pour être sur d'atteindre les abysses, la fédération socialiste a engendré une direction digne d'un politburo long comme un jour sans pain dont la caractéristique première est d'afficher aucune direction lisible autre que celle des échéances des procès de responsables actuels ou anciens, invités à s'asseoir sur les bancs des prévenus.

Un commentateur non dénué d'humour constaterait que dans les Bouches du Rhône, le Parti socialiste a renoncé à se soucier de son image, puisqu'il a réussi à n'intéresser bientôt plus personne.

Mais de cette situation extrême, nous ne pouvons nous satisfaire. Si RenouveauPS13 a pris toute sa place dans les combats municipaux, notre Parti reste loin du renouveau, d'autant plus qu'il paye cher l'erreur funeste orchestrée par le national, que ce dernier s’apprête d'ailleurs à renouveler.

Derrière l'appel à l'unité, s'est caché le spectre du laisser-faire. Nous avions montré comment les enseignements des primaires ont abouti à un yalta mortifère portant la genèse d'un résultat catastrophique. Et aujourd'hui, les électeurs ne comprennent toujours pas que dans notre Parti des pans entiers s'opposent à la métropole, considèrent avec bienveillance la machine infernale clientéliste de l'aide aux communes et restent adeptes de la servitude volontaire au service du Conseil général. Dans ces conditions, comment alors pourraient-ils s'imaginer une seule seconde, nous accorder leur confiance ?

Et pourtant, face à cette évidence notre Parti continue d'encourager les allégeances : chaque élu est libre de faire comme il l'entend sur son territoire. Notre Parti fonctionne comme un cartel électoral alors même qu'il se fait laminer et continuera de l'être s'il ne comprend pas que le monde a changé.

Le Parti socialiste est-il en capacité de comprendre que le Monde a changé ?

Les dernières décisions peuvent nous faire craindre le pire. D'un côté, nous sommes assaillis par le ferment d'une idéologie rétrograde. Non pas qu'il n'existe qu'une seule ligne politique. Mais la réalité commande de comprendre que la mondialisation est là, bien présente. S'il est légitime d'en discuter des mesures, il est impossible de continuer à se mettre la tête dans le sable et faire croire au grand soir, d'autant plus si l'on reste soi-même, adepte de l'économie de la rente.

De l'autre, le choix a été fait de donner une nouvelle tête au Parti socialiste. Le drame est que le seul choix disponible aura été d'aller chercher un courant de pensée et une pratique politique forgée il y a plus de trente ans concomitamment dans les rangs de l'extrême gauche et d'une mutuelle étudiante. Le principe d'efficacité recherché est fondé sur un alliage qui pourrait se révéler bien moins solide qu'il n'y paraît en surface.

Nous avons tous reçu dans nos boites aux lettres le compte-rendu du Conseil national. Ceux qui sont allés jusqu'à la dernière page, auront pointé l'annonce des mesures décidées et votées pour notre fédération, celles-là même que la direction vient d'annuler. En a-t-elle le droit ? En tout les cas, sous la pression du Conseil général et de ses affidés, elle nous place devant le fait accompli. Et continue dans le même temps, de creuser le fossé qui nous sépare de l'efficacité politique.

Réussir à faire vivre notre pacte républicain

Cette efficacité commanderait la mise en œuvre des mesures pour lesquelles RenouveauPS13 a plaidé depuis des années. En pure perte ? Non, car il existe dans les Bouches du Rhône des socialistes de conviction qui partagent l'absolue nécessité de tourner la page du système en place afin d'être en situation de s'adresser directement aux électeurs et promouvoir des expériences pratiques exemplaires. Ce sont les seules qui comptent aujourd'hui. Et laissons les adeptes des réunions stériles à continuer de peser au trébuchet les vassalités. Dans cette période trouble, notre responsabilité première est bien de réussir à faire vivre notre pacte républicain. 

Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse