Mais qui a peur de Jean-Noël Guérini ?

Lundi 3 juin 2013

Hier, le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a déclaré sur les ondes de BFM Politique (12’15’’)  «  Quand Jean-Noël Guérini a été mis en examen, j’étais premier secrétaire par intérim, j’avais très nettement mis Jean-Noël Guérini à l’écart. Il n’est plus aujourd’hui de notre famille politique. » Et il rajoute « Il est très clair qu’à partir du moment où Jean-Noël Guérini a été mis en examen pour une mise en cause aussi grave qu’association de malfaiteurs, il ne peut plus rien avoir à faire avec le Parti socialiste, je l’ai dit de la façon la plus claire. »

Quand près d’une heure plus tard, Véronique Jacquier revient sur le cas Guérini (4’20’’) la gène semble encore perceptible car difficile de dire « Ca ne touche pas le Parti socialiste, ça touche Jean-Noël Guérini qui a été un élu socialiste ». Quand la journaliste renvoie à son malaise, Harlem Désir botte en touche en parlant de la justice libre et parle de la mise sous tutelle de la fédération pour dit-il « dépasser les difficultés ». A la question de Jean-François Achilli sur le système dont les branches peuvent repousser, Harlem Désir déclare « Nous sommes d’une fermeté absolue ; d’abord nous disons que la justice doit pouvoir aller au bout et ensuite nous prenons nos décisions quand il y a des mis en cause, mais… » pour de nouveau botter en touche en parlant des affaires de la droite.

Alors ni le mot « exclusion », ni le mot « système » ne sont utilisés par notre premier secrétaire quand nous nous apercevons au quotidien que rien n’est fait qui permette de dire :
-         Jean-Noël Guérini est exclu du Parti socialiste
-         Les conseillers généraux qui le soutiennent seront exclus du Parti socialiste
-         Nous entamons des discussions avec nos partenaires du Parti radical de gauche pour leur demander instamment d’exclure un recyclage de tous ces exclus dans leurs rangs

Sur le site du Parti socialiste impossible de trouver trace de ces déclarations. Alors, on se souvient du plan de communication de Jean-Noël Guérini :
- le 23 février, interview dans le Journal du dimanche : "Si je parlais, certains ne seraient plus ministres"
- le 4 mars dans le Monde Bastien Bonnefous, reprenait les propos d’une source anonyme cadre national du PS en parlant de Guérini : « Il lui suffit de lever le petit doigt et il peut abattre qui il veut ».

Qui a donc peur de Jean-Noël Guérini ?

Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse