Lettre n° 3 Morale en politique : un enjeu crucial pour notre parti

Lundi 23 mai 2011

La droite n’aura pas attendu longtemps avant de se déchaîner autour de l’affaire Strauss-Kahn, avec une habileté cynique, en fustigeant sous des formes diverses l’absence de valeurs morales du parti socialiste. Et pour ceux qui douteraient du caractère parfaitement contrôlé de cette nouvelle charge, notons cette confidence de Sarkozy faite en privé il y a quelques jours et rapportée par un journaliste du Monde : « le PS a perdu la bataille de la morale pour 2012 ».

Lorsque nous avons lancé le collectif RenouveauPS 13, nous avons considéré que notre parti était en danger parce qu'au plan local, les pratiques de certains élus de notre parti portent atteinte à l’image et la réputation des socialistes. La campagne des élections cantonales a été l’occasion pour tous les candidats de constater l’ampleur du rejet et sa traduction dans les urnes par une montée sans précédent de l’abstention et du vote extrême.

Il fut pourtant un temps où le Parti socialiste incarnait dans l’opinion des valeurs morales premières comme le désintéressement et l’intégrité. Et souvenons nous encore récemment de cette droite muette face à un Lionel Jospin interdisant à ses ministres le cumul des fonctions ou l’abus des attributs du pouvoir (sirènes hurlantes, avions du Glam, etc.). Actes symboliques, salués par les français, même si bien vite oubliés dans la tourmente du 21 avril 2002.

Nous souhaitons aujourd’hui remettre notre fédération en ordre de marche ; contribuer ainsi à remettre le Parti socialiste là où il doit être, au sommet des valeurs morales de l’intégrité, du désintéressement et de la morale politique. Il faut changer ses dirigeants (apparents ou cachés) et changer ses méthodes. C’est aux militants de conviction et aux élus qu’il revient de mener ce travail impérieux. Seule une fédération transparente, en ordre de marche, pourra permettre à notre mouvement politique de reconquérir les cœurs.

De cela, notamment, nous discuterons dans les jours et semaines qui viennent avec un certain nombre de nos élus.

***

Lettre à télécharger ici

Le travail n'est pas terminé ! Notre communiqué à l'issue de la rencontre avec la Commission

mercredi 4 mai 2011



Trois représentants de RenouveauPS13 ont été auditionnés ce matin 4 mai 2011 par la Commission d’enquête du parti socialiste sur le fonctionnement de la fédération socialiste des bouches du Rhône.
Notre délégation a remis au président de la Commission, Alain  Richard, un dossier comportant à la fois l’ensemble des griefs que nous portons aujourd’hui à l’encontre du fonctionnement de la fédération, ainsi qu’une série de témoignages venant étayer nos propos. Ce même document intègre les propositions que nous avons établies en faveur de la mise en œuvre d’un dispositif transitoire destiné à faire à face à une situation d’exception.
Convaincus que la polémique publique ne pourrait que desservir le travail mené par la Commission ainsi que les objectifs que nous poursuivons, nous lui avons précisé que nous ne communiquerions pas à l’extérieur le contenu des témoignages que nous lui avons remis.
Au-delà, et face aux interrogations de la Commission sur les éléments constitutifs de la situation que nous dénonçons et sur le sens de notre action, nous avons apporté les analyses suivantes :
• Que le système fédéral est vicié à la base même, par le fait que les militants de conviction ne représentent qu’une faible minorité de l’ensemble des militants encartés dans notre fédération ;
• Que notre combat n’est pas dirigé contre une personne, mais contre un système, clientéliste et népotique, qui n’a pas attendu les intéressés actuellement à la tête de notre fédération pour prospérer dans notre département, où il touche tout autant au fonctionnement et à la prospérité d’autres formations politiques que de syndicats se salariés ;
• Que nos propositions consistent notamment, afin de remettre les militants au centre du fonctionnement fédéral, à reconnaître chaque adhérent sur la base d’éléments objectifs établissant son statut effectif de militant de conviction du parti socialiste.
Pendant les travaux de la Commission, RenouveauPS13 poursuit son travail de recueil de témoignages et de propositions. Nous avons la conviction que, dans notre département, une majorité des militants de conviction du parti socialiste est déterminée à le faire évoluer.

Pj : extraits du rapport remis à la Commission


* * *

Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse