vendredi 13 janvier 2012
… où dix limiers de la Brigade de Recherche et d’Investigation de la Gendarmerie Nationale se sont déplacés sirènes hurlantes. Pour une perquisition dans un atelier de contrefaçon ? Saisie de drogue dure ? Que nenni ! Les valeureux gendarmes ont perquisitionné dans une cité ? Non. Juste en face, à la Direction du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS).
- Quesaco ?
Tu sais les sapeurs-pompiers qui interviennent partout dans le Département pour éteindre les feux et porter assistance aux blessés.
- Et alors ?
Hé bien, pendant qu’ils triment, leur conseil d’administration avec des colonels galonnés gèrent 150 millions d’euros par an. Ils recrutent et paient des personnels, ils achètent des gros camions rouges qui font pin-pon et des grandes échelles, ils construisent où rénovent des casernes, et puis ils font des cérémonies avec petits fours et boissons à volonté.
- Quoi de plus normal ?
Rien. Si ce n’est que les élus qui siègent au conseil d’administration du SDIS sont des personnalités triées sur le volet. Que des personnes à qui on peut confier les deniers publics les yeux fermés (presque un milliard et demi d’euros sur les dix dernières années). Mais on y trouve pêle-mêle un Sénateur, Président de droit du SDIS mis en examen, entre autre, pour association de malfaiteurs en 2011 ; un maire président du SDIS par délégation, mis en examen pour délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public en 2010 ; un autre sénateur, maire, mis en examen pour complicité de trafic d’influence en 2011 ; un autre maire, mis en examen pour délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public en 2010 ; un autre maire, vice-président et membre de la commission d’appel d’offre du SDIS, condamné, en juin 2011, à deux mois de prison avec sursis et à 1000 euros d’amende pour fraude aux prestations de retraite.
De là à penser qu’ils pourraient s’arranger pour commettre des délits comme des malversations ou des recrutements illicites au SDIS, le pas est mince. Mais heureusement, le Préfet est présent au conseil d’administration pour exercer le contrôle de légalité. Depuis 2007, il veille tellement dur et n’a jamais saisi le juge administratif, ni le procureur de la République pour la moindre peccadille. C’est bien que les présumés innocents et le repris de justice font tout en règle.
Et puis, ce n’est pas parce qu’une société d’économie mixte du département, s’occupe de la construction des casernes de pompiers (à peine 100 millions d’euros sur 10 ans), qu’on doit en conclure que certains ont des intentions déplacées.
Car quel mal y a-t-il à ce que le président délégué recrute des membres de sa famille et leur assure un profil de carrière hors norme ? Que celui qui n’aurait pas agit de la sorte lui jette la première pierre.
Ce n’est pas non plus parce qu’il recrute au SDIS, en priorité, des habitants de sa commune et de son canton sur des postes d’agents administratifs ou techniques, qu’il faut le taxer de clientélisme.
- Vous êtes interpellé ?
Moi aussi. D’ailleurs certains doivent savourer leur victoire en voyant que leur maxime « Ma famille d'abord, ensuite mes voisins, puis ... » a inspiré bon nombre des élus de chez nous.
- Et qu’en pensent les employés du SDIS ?
Si vous interrogez des syndicalistes, pour sûr ils vous diront que le président délégué et le Colonel galonné sont des tyrans, qu’un système mafieux existe au sein du SDIS, que des personnels sont victimes de harcèlement moral, que le nombre de personnes en arrêt maladie est hors norme, etc. Intarissables ! Si vous demandez à d’autres personnels, vous n’aurez aucune réponse, si ce n’est la crainte que vous lirez sur leur visage.
- Et si vous interrogez le colonel galonné qui se vit en chef sans partage issu d’un autre temps ?
Sa brigade de 12 agents communicants vous répondra par voie de presse. Il expliquera avec pugnacité, que le SDIS a porté plainte pour dénonciation calomnieuse contre trois agents et niera tout délit au sein de son administration.
- Pourtant de profession, il n’y a pas de fumée sans feu, et comme disait mon père juge, les voyous sont toujours épris d’honorabilité et les fins de règne sont souvent précipitées…
Je crois que les dirigeants d’institutions publiques devraient toujours garder à l’esprit que le service public « est institué pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels il est confié ». L’oublier, c’est trahir la République ... et l’assurance d’être rattrapé par la justice.
- Au fait ce territoire, il est où ?
Toi, tu ne connais pas le 13, un amour de numéro !
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