Un monde sans sanction ?

A force de se voir qualifié d’incontournable, d’insubmersible ou d’indéboulonnable, Jean-Noël Guérini avait fini par le croire lui-même. Un certain nombre de journalistes et de responsables politiques aussi.

A regarder de près le Parti socialiste aussi  l’a jugé incontournable. C’était même devenu l’alpha et l’omega de sa stratégie. Rappelons-nous. La mansuétude organisée avec laquelle il est sorti du rapport Richard laisse pantois. Faut-il redire qu’un grand nombre de socialistes sont allés lui apporter des témoignages de complaisance, largement chapitrés par son cabinet ? La permanence du soutien dont il a fait l’objet interroge. Il y a à peine trois mois,  ils étaient encore 23 conseillers généraux à appeler à une alliance avec lui, sans que la fédération socialiste n’y trouve rien à redire. Dans l’intervalle Jean-David Ciot faisait tout pour protéger Guérini et préparait un ralliement de troisième tour, afin de lui permettre de rester en place. D'autant que, comme nous l'avons montré, le découpage avait été, plus que protecteur.

Si aujourd’hui Guérini n’est plus qu’un tigre de papier, les guérinistes sont encore là. La fédération socialiste a présenté l’un d’entre eux à la présidence du Conseil général ; un autre prend en main la destinée d'un groupe au Conseil départemental que nous ne saurions considérer comme socialiste. Le paradoxe est que si Guérini a été sanctionné pour ses pratiques, seule la fédération socialiste des Bouches du Rhône continue de croire qu’elle navigue dans un mode sans sanction.

Pourtant, la seul réalité devrait être de se soucier de ce qu'attendent nos électeurs. Nous sommes bien placés pour le dire car, jamais, nous n'avons été associés de près ou de loin au système aujourd'hui rejeté.

Les habitants des Bouches du Rhône veulent à la fois un message clair qui leur permette de s’assurer que nous avons compris les erreurs commises et une offre politique empreinte de renouveau à même de les convaincre que nous agissons désormais avec, comme seule boussole, l'intérêt général.

Guérini parti, la seule stratégie de Jean-David Ciot semble être de considérer les guérinistes restés au PS comme incontournables. C'est pour lui la meilleure des antidotes à tout débat sur sa stratégie. Pourtant, ayons la lucidité de tirer les  enseignements de la séquence. Il ne suffit plus de parler pour exister, il faut savoir partir d’un nouveau pied, qui ne soit ni replâtrage, ni chasse aux sorcières.

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Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse