Vu sur le web : corruption en Carinthie

Revue de presse

LE MONDE | Envoyée spéciale à Klagenfurt (Autriche), Joëlle Stolz


En Carinthie, l'extrême 

droite résiste aux révélations 

sur le système Haider


Jörg Haider, ancien leader du parti d'extrême droite autrichien BZÖ, lors d'une conférence de presse à Vienne, le 8 septembre 2008.
Klagenfurt n'a pas l'air d'une ville bouleversée par un séisme politique. Les maisons aux couleurs de dragées, les boutiques désuètes, la place où il y a vingt ans, devant la statue du Lindwurm, monstre légendaire de la Carinthie, Jörg Haider jurait d'en finir avec le vieux monde et de faire de cette province du sud de l'Autriche un modèle pour l'Europe : tout est calme.
Mais les couteaux s'aiguisent entre les héritiers de Haider, décidés à garder le pouvoir, et ceux qui espèrent enfin assécher le bourbier carinthien. Depuis des mois, révélations, démissions et condamnations pénales se succèdent. Le réseau de clientélisme et de corruption mis en place par le leader de la droite populiste autrichienne, qui a gouverné le Land jusqu'à sa mort dans un accident de voiture, en octobre 2008, se dévoile.
Dernier épisode en date : une quinzaine de perquisitions menées en Allemagne, en Autriche et en Suisse, mardi 6 novembre, dans le cadre d'une enquête pour corruption sur des dirigeants d'EADS lors de l'achat d'avions Eurofighter, en 2002, par le gouvernement du conservateur Wolfgang Schüssel, alors allié à Haider. Une piste conduit vers la Carinthie.

DISCOURS XÉNOPHOBE ET SON MODÈLE DE LA MÈRE AU FOYER
Beaucoup de routes, dans les affaires de corruption en Autriche, mènent à la Carinthie. Dans cette région montagneuse, aux frontières de l'Italie et de la Slovénie, Jörg Haider avait trouvé le parfait biotope pour son projet populiste, mélange de crispation identitaire et de libéralisme économique. Du banquier Herbert Turnauer au fabricant de pistolets Gaston Glock, les grands patrons locaux ont mis pour lui la main au portefeuille. Les PME, elles, devaient verser 1 % à 10 % du montant des contrats aux réseaux du gouverneur. Quinze ans de ce système ont laissé des traces profondes.
Haider s'engageait pour des projets industriels, mais son discours xénophobe et son modèle de la mère au foyer, faisaient fuir la main-d'œuvre qualifiée. "La Carinthie a besoin d'un nouveau départ, d'un changement radical", affirme Monika Kircher, la charismatique PDG d'Infineon, leader de la recherche innovante, à Villach, qui s'inquiète de l'exode des jeunes.
C'était devenu une question de survie pour une région lourdement endettée et appauvrie. Avec ses amis artistes et écrivains, l'humoriste Rolf Holub, député des Verts à la diète du Land, a accompli un énorme travail. "Depuis 2003, nous essayons de restaurer ici des critères démocratiques", confie-t-il. Au printemps dernier, il a montré partout un spectacle collectif intitulé La danse du ventre devant l'hippopotame d'or (l'hippopotame est le symbole de la banque régionale Hypo Alpe Adria), afin d'expliquer comment toute une région s'est pliée à Haider. "Pour les intellectuels, c'est le moment ou jamais de s'engager", dit l'écrivain Erwin Riess, dont le dernier polar évoque le "Jurassic Park" carinthien.
Dès 2007, Rolf Holub avait rassemblé un dossier accablant de 700 pages, que personne n'a lu. La justice traînait les pieds. Mort, Haider était presque sanctifié, avec reliques et autel au bord de la route, où les inconsolables viennent prier. Aux élections régionales de 2009, le Parti carinthien de la liberté (FPK, version locale du FPÖ) rafle 44,9 % des suffrages : un choc pour l'opposition, alors que les malversations sont déjà étalées sur la place publique.

L'ARGENT GAGNÉ PARTAIT VERS DES PARADIS FISCAUX
La plus scandaleuse concerne la vente, en 2007, dans des conditions opaques, de la Hypo Alpe Adria, qui avait financé des projets faramineux, gigantesque stade de football ou scène flottante sur le Wörthersee. L'acheteur, la Bayerische Landesbank, une banque publique, était surtout intéressé par ses filiales dans les Balkans, notamment en Croatie, où la spéculation fleurissait. Il suffisait d'acheter un terrain sans valeur, et de payer les autorités locales pour qu'elles le rendent constructible, puis d'annoncer un projet de développement touristique justifiant des crédits bancaires. L'argent ainsi gagné s'envolait vers des paradis fiscaux.
C'est aussi l'époque où fonctionne un axe Munich-Vienne-Klagenfurt-Zagreb, le premier ministre croate, Ivo Sanader, étant très lié au ministre-président de Bavière, Edmund Stoiber, ainsi qu'à Wolfgang Schüssel. "Les Bavarois se doutaient bien qu'il y avait des cadavres dans les placards, sourit Holub, mais pas des cimetières !"
Quand ils découvrent le désastre (10 milliards d'euros de crédits en souffrance), la crise financière de 2008 est déjà là. Le jour où il a dérapé à 140 à l'heure sur une route de Carinthie, avec 1,8 gramme d'alcool dans le sang, le gouverneur avait appris des informations inquiétantes sur la Hypo.
La justice retrouve du courage avec la création à Vienne d'un parquet anticorruption, dirigé par le Vert Walter Geyer, et, début 2011, d'un dispositif accordant une remise de peine aux témoins qui coopèrent. Condamné en juillet à 7 mois de prison avec sursis et 150 000 euros d'amende pour avoir voulu vendre la nationalité autrichienne à un oligarque russe, le vice-gouverneur du Land et chef du FPK, Uwe Scheuch, démissionne. Il est remplacé par son frère Kurt. "Ce sont des propriétaires terriens, des gens durs, à la mentalité, disons, prédémocratique", confie une source du FPÖ. Haider, en 2005, avait voulu s'éloigner de cette droite ultranationaliste en fondant l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ). Aujourd'hui, elle se pose en héritière.

"UN CUISINIER DE MOINS, MAIS LA CUISINE FONCTIONNE TOUJOURS"
Du côté des démocrates-chrétiens de l'ÖVP, alliés du FPK, c'est l'hécatombe. Face au tribunal, le conseiller fiscal Ernst Birnbacher, qui avait touché 6 millions d'euros pour quelques feuillets d'expertise, a avoué qu'une bonne partie de l'argent avait été versée à l'ÖVP et au BZÖ. Le chef de l'ÖVP, Josef Martinz, est condamné, début octobre, à cinq ans et demi de prison ferme.
"Il y a un cuisinier de moins, mais la cuisine fonctionne toujours", dit Holub, qui ne croit pas que le système Haider soit enterré. Après avoir chuté dans les sondages, le FPK est remonté à 33 %, contre 31 % aux sociaux-démocrates, 12 % pour l'ÖVP et 11 % aux Verts. La bataille sera rude aux prochaines élections régionales, en mars 2013.
"Haider avait fustigé le népotisme des vieux partis, mais lui et sa bande se sont corrompus encore plus vite", constate sur un ton désabusé, dans un café de Klagenfurt, le député européen Andreas Mölzer, du FPÖ, un Carinthien buriné qui revendique ses idées d'extrême droite. "Le FPK et le FPÖ sont des présences durables, comme le Front national en France. Je ne crois pas que nous allons perdre la Carinthie."

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Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse